24 Juin Soutenance de thèse : François de Monneron
François de Monneron soutiendra sa thèse le 24 Juin 2011, à 14h dans la salle du Conseil, bâtiment Tertre, Université de Nantes.
Titre de la thèse :
Le déterminisme et la responsabilité morale.
Résumé :
Le déterminisme est-il compatible avec la responsabilité morale ? Oui, répondent les compatibilistes. Or cette idée pose une série de problèmes. Pour la soutenir, il faut réfuter deux principes très intuitifs : celui des possibilités alternatives, selon lequel on est responsable de ce qu’on fait seulement si on a eu le pouvoir de ne pas le faire ; et celui du transfert de non-responsabilité (« nul n’est responsable de Y si X cause Y de manière déterministe, et si nul n’est responsable de X »). MeÌ‚me s’il y avait des contre- exemples aÌ€ ces principes, la responsabilité par omission serait difficilement compréhensible sans l’idée d’un pouvoir des alternatives. Le compatibilisme doit donc accorder une place aÌ€ l’idée d’un pouvoir des alternatives. Pour le faire sans se contredire, il analyse ce pouvoir soit de manière conditionnelle (S peut faire A signifierait « si S voulait faire A, il ferait A »), soit en termes de mondes possibles. La première analyse est un cas particulier de la deuxième, car elle revient aÌ€ dire que S peut faire A s’il y a des mondes possibles ouÌ€ S fait A volontairement. Pour qu’un critère de ce genre ne soit pas trop souple, il faut préciser que seuls des mondes possibles proches du monde actuel sont pertinents du point de vue de la responsabilité morale. Mais comment délimiter le domaine des mondes possibles pertinents ? D’un point de vue compatibiliste, il semble impossible de résoudre ce problème de manière satisfaisante. Finalement, cette thèse ne paraiÌ‚t plausible que si le libertarisme est encore moins intuitif. La principale question, pour le libertarisme, sera de savoir comment l’indéterminisme physique (aÌ€ l’intérieur du cerveau) permet la responsabilité morale au lieu de l’exclure.
Mots-clés:
Libre arbitre, compatibilisme, responsabilité morale, déterminisme, possibilités alternatives, indéterminisme, causalité de l’agent, principe du transfert.
Determinism and moral responsibility
Abstract:
Is determinism compatible with moral responsibility ? Compatibilism answers «yes». But such a thesis entails a series of problems. It requires the falsity of two very intuitive principles : the principle of alternative possibilities, i.e. the assertion that one is responsible for what they do only if they have the power not to do it ; and the principle of the transfer of non-responsibility («if no one is responsible for X and if X causes Y deterministically, no one is responsible for Y»). Assuming that there are counterexamples to these principles, responsibility by omission is hardly understandable without the idea of a power of alternatives. Consequently, compatibilism must attach importance to the power of alternatives. In order to do it without contradiction, compatibilism must define this power either on a conditional mode («S can do A» would mean «S does A if S want to do A»), or in terms of possible worlds. The first analysis is a particular case of the latter, since it amounts to say that S can do A if there are possible worlds where S do A voluntarily. To prevent such a criterion from being too flexible, one must specify that the possible words pertinent to moral responsibility must be sufficiently similar to the actual world. But how to define the domain of the pertinent possible worlds ? It seems impossible to solve this problem satisfactorily from a compatibilist point of view. In fact, this thesis seems plausible only if libertarianism is even less intuitive. The main question, for libertarianism, will be how physical indeterminism (inside the brain) ensures moral responsibility instead of undermining it.
Keywords:
free will, compatibilism, moral responsibility, determinism, alternative possibilities, indeterminism, agent causation, transfer principle.
Jury
- Olivier BOULNOIS (EPHE)
- Paul CLAVIER (ENS Ulm)
- Jean-Pascal ANFRAY (ENS Ulm)
- Cyrille MICHON (Université de Nantes)