18 Juil Filipe Drapeau Vieira Contim : « Le possible, les espèces, et la question de l’autonomie de la métaphysique »
Introduction :
Quels rapports la métaphysique entretient-elle avec la science ? La réponse dépend de l’idée que l’on se fait de la métaphysique. Une longue tradition la conçoit comme la science du possible, ce qui semble lui garantir une forme d’autonomie à l’égard des sciences de la nature : tandis que la science dit ce qui est, la métaphysique aurait pour tâche de dire ce qui pourrait ou aurait pu être. Dans cet article, je partirai de l’exemple des espèces biologiques, et plus généralement des taxons, afin de montrer que dès lors qu’il est question de nécessités ou de possibilités particulières, la connaissance modale – la connaissance du nécessaire et du possible – est irréductiblement empirique et donc hors de portée de la métaphysique comprise comme une discipline a priori et armchair. Il ne s’agit pas cependant de rejouer le vieux cliché des-abus-de-la-métaphysique-dénoncés-par-la-science car à mon sens la ligne de partage ne se situe pas ici entre la science et la métaphysique mais traverse la métaphysique elle-même. Mon propos sera de dégager, en matière de connaissance modale, les tensions mais aussi la coopération entre deux sortes de métaphysiques également légitimes dans leurs domaines respectifs : la métaphysique de la science, c’est-à-dire cette forme en partie empirique de métaphysique émanant d’une science particulière, et la métaphysique armchair conçue comme science des principes les plus généraux de l’essence et de la modalité.
Référence :
Drapeau Vieira Contim, Filipe. « 3. Le possible, les espèces, et la question de l’autonomie de la métaphysique », éd., Métaphysique et Sciences. Hermann, 2022, pp. 93-115.
https://www.cairn-sciences.info/metaphysique-et-sciences–9791037013415-page-93.htm