15 Mar Elena Mendoza: concert-rencontre avec la compositrice
Programme du concert-rencontre:
– Manuel de Falla (1876-1946): Hommage pour le tombeau de Claude Debussy pour guitare seule.
– Maurice Ohana (1913-1992): Cadran lunaire (Saturnal) pour guitare seule.
– Elena Mendoza (née en 1973): Lo que nunca dijo nadie pour violon et guitare.
– Elena Mendoza, Fremdkörper/ Variationen: écoute d’un enregistrement sur CD réalisé par l’ensemble Ascolta.
Voir ici une brève présentation de ce morceau par la compositrice.
Musiciens de l’Ensemble Utopik:
– Marie-Violaine Cadoret, violon
– Michel Grizard, guitare
ENTRéE LIBRE dans la limite des places disponibles.
Quelques informations sur les œuvres jouées:
– Manuel de Falla: Hommage pour le tombeau de Claude Debussy, pour guitare seule
Cette œuvre est une des premières pièces composées pour guitare seule par un non-guitariste. Son origine est double : dans un premier temps, le guitariste Miguel Llobet, ami du compositeur, sollicitait de sa part, à de nombreuses reprises, une pièce pour guitare. L’occasion fut le numéro de la Revue musicale de décembre 1920, constitué d’une série d’hommages (articles et musique) à Claude Debussy. Outre son article “Claude Debussy et l’Espagne”, Manuel de Falla proposa cet Hommage qui contient une citation de La Soirée dans Grenade de Debussy. Il en existe un version pour piano ainsi qu’une orchestration qui trouvera place dans la suite Homenajes en 1939.
– Maurice Ohana: Cadran lunaire (Saturnal) pour guitare seule
Dans le prolongement des pièces de Si le jour paraît, celles du Cadran lunaire exploitent l’ampleur harmonique et sonore de la guitare. Le titre en indique clairement le caractère nocturne, précisé par les sous-titres afférents à chacune des pièces :
- Saturnal
- Jondo
- Sylva
- Candil
Elles renvoient encore une fois, comme le Deuxième quatuor, aux nocturnes debussystes comme à la violence concentrée du style guitaristique flamenco, dans un saisissant raccourci de ce qui fait l’essentiel de la poétique ohanienne: une dialectique du statique et du dynamique, de la tendresse et de la force, du mystère et de la clarté.
– Elena Mendoza: Lo que nunca dijo nadie pour violon et guitare
Lo que nunca dijo nadie fut composé en 2004 pour la violoniste Susanne Zapf et le guitariste Hubert Steiner, sur le bref poème d’Angel Gonzales Ahà donde fracasan las palabras, un merveilleux et ironique aphorisme sur le sentiment et la transcendance sociale de la création artistique.
Poeta de lo inefable.
Logrà³ expresar finalmente
lo que nunca dijo nadie.
Lo condenaron a muerte
Dans une structure éminemment rythmique entre les deux instruments, sont intégrés les mots du poème prononcés par les deux musiciens. Les deux vers centraux sont répétés plusieurs fois. Au début le sens est perceptible, mais peu à peu les syllabes se séparent et se regroupent de sorte que le contenu sémantique disparaît pour devenir exclusivement matériau musical (les mots, littéralement, se fracassent). C’est seulement à la fin de l’œuvre, dans un “final furioso” qu’ils réapparaissent avec clarté à travers le laconique “Lo condenaron a muerte”.
Biographie de la compositrice:
Elena Mendoza est née en 1973 à Seville (Espagne). Elle y étudie la langue et la littérature allemandes, ainsi que le piano et la composition à Saragosse auprès de Teresa Català¡n, à Augsbourg auprès de John Van Buren, à Düsseldorf auprès de Manfred Trojahn et à Berlin auprès de Hanspeter Kyburz. Suivent plusieurs bourses, notamment à l’Académie de l’Ensemble Modern à Francfort-sur-le-Main. Elle vit et travaille actuellement à Berlin, où elle est professeur de composition à l’Université des Arts.
Elle s’intéresse particulièrement aux questions de timbre et de dramaturgie dans la composition instrumentale. Dans son travail, une grande importance revient en outre au théâtre musical et aux possibilités musicales du langage. Dans cette perspective, elle a, depuis 2007, marqué le paysage musical avec sa production lyrique Niebla (Centre européen des arts à Dresde-Hellerau), en coopération étroite avec le metteur en scène Matthias Rebstock. C’est avec lui qu’elle prépare actuellement le second projet lyrique La ciudad de las mentiras, sur des textes de Juan Carlos Onetti, commande de Gérard Mortier pour le Teatro Real de Madrid. La création aura lieu en février 2017.
Elena Mendoza travaille avec des interprètes tels qu’ensemble recherche, Klangforum Wien, Ensemble Modern, Quatuor Vogler, Ensemble Mosaik, Ensemble emex, Ensemble Taller Sonoro, Neue Vocalsolisten Stuttgart, Ensemble Ascolta, KNM Berlin, Ensemble espai sonor, l’Opéra de Nuremberg, l’Orchestre Philharmonique de Fribourg, entre autres.
Sa musique est présentée dans des festivals tels qu’Ars Musical (Bruxelles), Journées de musique de chambre nouvelle de Witten, Eclat (Stuttgart), MärzMusik (Berlin), Journées de musique contemporaine de Dresde, Ultraschall (Berlin), Nous Sons (Barcelone), Acanthes (Metz), Automne styrien (Graz), Musica Viva (Munich) ou musicadhoy (Madrid). Elle a obtenu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le Fellowship de l’Académie Schloss Solitude (2008), le Musikpreis Salzburg 2011 ou le Premio Nacional de Màºsica 2010 (Espagne).
Sa musique de chambre instrumentale est publiée sur un CD du label Kairos (2008), en coopération avec musicadhoy (Madrid) et Deutschlandradio Kultur. Un autre CD avec des scènes de Niebla, accompagné par Fe de erratas et Gramà¡tica de lo indecible, a paru en 2011 chez Wergo, en coopération avec Deutschlandradio Kultur et le Deutscher Musikrat.
Depuis 2009, les partitions d’Elena Mendoza sont publiées chez Edition Peters.