23 Mai Kant et les empirismes
Colloque international organisé par
Antoine Grandjean à l’ENS de Lyon.
Argumentaire
On simplifie trop souvent l’un des grands champs problématiques de la
modernité en opposant le rationalisme et l’empirisme. Les rationalistes
défendraient l’idée que la raison peut tirer de son seul fonds les
principes de toute connaissance véritable ; les empiristes soutiendraient
une dépendance intégrale de la rationalité à l’égard de l’expérience, ce
qui nous condamnerait au scepticisme. Kant n’est pas pour rien dans une
telle structuration du débat philosophique. Il s’agira toutefois de se
demander si les choses ne sont pas plus compliquées, et si Kant lui-même
ne donne pas la clef d’une interprétation bien plus riche du courant
empiriste. Loin de s’opposer au rationalisme métaphysique, l’empirisme ne
devrait-il pas, en effet, être compris comme l’un de ses éminents
représentants ? Il le serait dans sa motivation d’abord : c’est le constat
de la limitation de notre connaissance à la sphère de ce dont nous pouvons
faire l’expérience qui conduirait à identifier en cette expérience la
source exclusive de toute connaissance ; cette manière de conclure de
l’usage à l’origine engage toutefois toute une métaphysique de la
représentation qu’il convient de tirer au clair. Mais l’empirisme pourrait
bien être également un rationalisme métaphysique dans ses conséquences :
si la nature est l’unique objet de notre expérience, et si seule cette
dernière féconde la raison, alors l’empirisme implique une métaphysique
naturaliste, qui soumet l’ensemble de ce qui est aux lois de la nature.
Conséquence qui promeut l’intérêt théorique de la raison, en annulant
toute dimension surnaturelle, antinaturelle, ou extranaturelle de ce qui
est. Conséquence qui est toutefois problématique du point de vue de
l’usage pratique de la raison, que son intérêt pour la moralité ne saurait
rendre indifférente à la question de la liberté.
Ces questions, qui seront posées au cours de ce colloque international, et
dont le site historique moderne est d’abord à situer au 18e siècle, n’ont
cessé de hanter la réflexion depuis lors. Ces journées s’organiseront
autour de trois grands thèmes : la lecture kantienne des diverses
traditions empiristes ; la réponse « transcendantale » au défi empiriste ;
les réceptions qui décèlent dans le geste kantien la marque résiduelle
d’un empirisme non surmonté.
Intervenants
François CALORI, Raphaël EHRSAM, Michaël FOeSSEL,
Antoine GRANDJEAN, Matthieu HAUMESSER, Mai LEQUAN,
Michel MALHERBE, Pierre-François MOREAU,Claudia SERBAN,
Pascal TARANTO, Olivier TINLAND, Günter Zà–LLER.
Organisation
Comité d’organisation : Antoine Grandjean, Pierre-François Moreau, Anne-Laure Motkin.
Comité scientifique : Raphaël Ehrsam, Antoine Grandjean, Mai Lequan, Cyrille Michon, Pierre-François Moreau, Günter Zöller.
Contact
Antoine Grandjean
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