20 Oct La science-fiction allemande à travers trentre ans de prix Kurd Lasswitz
Andreas Eschbach, nouer et dénouer : le complexe de Leibniz.
Les deux textes (à ma connaissance) traduits en français de Kurd Lasswitz :
Sur la bulle de savon et
La bibliothèque universelle[[“Sur la bulle de savon” ‘”Auf der Seifenblase”, trad. A. Schlecht, dans Science-fiction allemande, Etrangers à Utopolis, ed. Daniel Walther, Le livre d’or de la science-fiction, Presses Pocket, 5087, 1980. “La bibliothèque universelle”, trad. P. Guilbert, éditions nilsane, 2012.]] portent en eux une richesse thématique qui permet de comprendre au mieux, d’une part la raison pour laquelle il est considéré comme un fondateur, trop méconnu peut-être, de la littérature de SF, d’autre part ce qui explique pourquoi Andreas Eschbach reçut au moins sept fois le prix qui porte son nom. En tout cas le récit
Sur la bulle de savon, par les thèmes du microcosme et du macrocosme, de la variété des mondes et des questions méta-politiques et métaphysiques qu’il contient, annonce quelques uns des thèmes que nous retrouverons dans les œuvres d’A. Eschbach. Si dans sa présentation de la Science-fiction allemande[[Science-fiction allemande, Etrangers à Utopolis, ed. Daniel Walther, Le livre d’or de la science-fiction, Presses Pocket, 5087, 1980, p. 7-30.]], Daniel Walther insiste particulièrement sur la dimension politique de ces textes, et si A. Eschbach peut revendiquer sans difficulté un tel héritage, élément qui a été déjà plusieurs fois signalé[[voir par exemple l’interview de Bruno della Chiesa : “C’est ainsi que fonctionnent ces réseaux un peu mystérieux…”, Utopia, n°1, Septembre 1999, p. 225-230, et aussi le dossier consacré à Andreas Eschbach dans Galaxies, n° 17, été 2000, p. 105-136.]], c’est vers d’autres sentiers que nous voudrions cependant marquer l’angle de notre course. Il nous semble intéressant à propos de la littérature de SF de suivre une voie semblable à celle que G. Bachelard mena, de manière remarquable, à propos de la poésie, en dégageant les différents brins et en montrant les différents nœuds qu’elle pouvait tisser avec les quatre éléments que sont l’eau, la terre, l’air et le feu. Et chacun a en tête au moins l’un des titres des textes de G. Bachelard. Il me semble donc opportun de chercher les relations complexes que la SF entretient non pas avec les éléments naturels mais avec les philosophes. Guy Lardreau[[Fictions Philosophiques et Science-Fiction, récréation philosophique, “Le génie du Philosophe”, Actes sud, 1980.]] a déjà attiré l’attention sur ce point, il me semble intéressant de continuer à en tisser les liens et donc de proposer l’étude des
complexes de la SF. La lecture d’une partie substantielle des ouvrages d’A. Eschbach, dans leur traduction française, peut nous permettre d’en dégager un certain nombre dont nous voudrions montrer la pertinence en relation avec un philosophe parfois oublié mais dont l’influence sur l’histoire de la pensée reste indéniable : Gottfried Wilhelm Leibniz. De la sorte il apparaît que l’art de nouer et de dénouer, les thèmes de l’écart et de l’instant, de la recherche de l’origine, de la mort et plus massivement du mal, ne sont pas étrangers à des romans comme
Des milliards de Tapis de cheveux,
Kwest,
Le derniers de sa race,
En panne sèche[[Die Haarteppichknüfer, Franz Schneekluth Verlag, München, 1995, traducion française par Claire Duval, L’Atalante, 1999; Quest, Andreas Eschbach, 2001, traduction française par Claire Duval, L’Atalante 2002; Der letzte seiner Art,Verlagsgruppe Lübbe GmbH &Co. KG, Bergisch Gladbach, 2003, Traduction française de Claire Duval, L’Atalante 2006. Ausgebrannt, Verlagsgruppe Lübbe GmbH &Co. KG, Bergisch Gladbach, 2007, Traduction française de Frédéric Weinmann, L’Atalante, 2009. Toutes nos références renverront à l’édition française.]] qui ne sont pas sans faire échos à des questions comme l’art combinatoire, la monadologie, l’harmonie préétablie, ou encore la théodicée, thématiques qui structurent et traversent continûment l’œuvre de Leibniz.
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