09 Juin Philosophie de Rousseau / Rousseau’s Philosophy
Posté à 23:55h
dans
Activités
by Florent Guénard
Colloque organisé par
l’Institut d’Histoire de la Pensée classique, avec le soutien de la
Région Rhône-Alpes, de
l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, du
Centre de Philosophie juridique et politique (EA 2530) et du
Centre Atlantique de Philosophie.
Comité d’organisation : Blaise Bachofen, Bruno Bernardi, André Charrak, Florent Guénard.
Comité scientifique : Blaise Bachofen, Bronislav Baczko, Jacques Berchtold, Bruno Bernardi, André Charrak, Florent Guénard, Anthony Mckenna, Pierre-François Moreau, John Scott, Jean Starobinski, Raymond Trousson.
2012, année du tricentenaire de sa naissance, sera l’occasion de marquer, de multiples manières et en divers lieux, la présence de Rousseau dans notre horizon intellectuel. Dans ce cadre, il a paru opportun d’organiser, en France où il a passé l’essentiel de son existence, et particulièrement dans la région où il a vécu tant de moments décisifs pour lui, un colloque international consacré à la philosophie de Rousseau. Si, en effet, sa stature de philosophe a été très tôt reconnue (à commencer par Kant et Hegel), c’est au cours du XXe siècle (Ernst Cassirer a initié ce mouvement) que l’on a pris la mesure de l’ampleur, de la cohérence, et de la puissance problématique de sa pensée.
Ce renouveau interprétatif s’est développé dans trois directions principales
1° Prenant au sérieux l’affirmation de Rousseau selon laquelle sa pensée a, en un sens qui lui est propre, la cohérence d’un système, on a cherché à cerner les liens qui unissent sa théorie de l’homme, sa pensée politique, sa philosophie du langage et son esthétique, sa philosophie de l’existence, plus récemment sa philosophie de la connaissance et ce qu’il faudrait peut-être appeler sa métaphysique. Le second Discours, le Contrat social et l’émile, sont ainsi progressivement apparus comme autant de centres à partir desquels s’organise, de façon spécifique mais concertante, l’unité de sa pensée.
2° Un important travail de contextualisation a montré que la profonde originalité de ses thèses se nourrit aussi bien de la tradition antique (Platon, Aristote, le stoïcisme, mais aussi l’épicurisme) que moderne (Machiavel, Hobbes, le jusnaturalisme, Descartes et Malebranche, Locke). Surtout, on a mieux reconnu le dialogue serré, parfois véhément, qu’il conduit avec les penseurs de son temps (Voltaire, d’Alembert, d’Holbach, Helvétius, Diderot…). Plus récemment, on a souligné l’importance de son rapport avec Condillac et plus largement avec l’empirisme. Par les questions qu’il se pose et par son univers de référence (moral, politique, économique, scientifique), Rousseau appartient pleinement à l’horizon des Lumières, à raison même de la contestation radicale qu’il entend en produire.
3° L’intérêt renouvelé que la pensée de Rousseau suscite aujourd’hui s’explique aussi par la position singulière qu’il occupe dans la modernité : en un moment où la crise du lien social nous oblige à repenser les conditions de possibilité de la communauté politique et la validité du système représentatif, au moment où les effets du développement technique et économique nous contraignent à interroger à nouveaux frais notre rapport à la nature, ce qui faisait de lui un marginal au regard du main stream de la modernité le ramène au centre des préoccupations contemporaines.
Le but de ce colloque sera, en premier lieu, d’articuler ces trois lignes interprétatives, et ainsi de dresser une sorte d’état des lieux des recherches sur la philosophie de Rousseau. En second lieu, il devra permettre de rendre manifeste que, loin de se borner à des interventions polémiques sur tel ou tel problème déterminé, à défendre des paradoxes dont la fonction serait seulement réactive, il constitue une perspective cohérente qui peut être appréhendée comme une philosophie. Une philosophie à laquelle le moment contemporain donne une nouvelle pertinence et une nouvelle fécondité.
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