23 Juil Théologie et philosophie de la nature dans la dialectique réflexive
(Conférence présentée à l’Université de Grenoble, le 8 février 2007, dans le cadre du Centre alpin de philosophie allemande, CAPA).
Je tiens d’abord à préciser dans quelle tradition philosophique s’inscrivent les propositions qui suivent. Pour cela, je partirai d’une réponse faite par E.Weil lors d’une conversation au cours de laquelle on lui demandait comment il se situait par rapport à Kant et à Hegel, les deux auteurs auxquels il se référait le plus constamment dans ses livres. E.Weil eut cette réponse : « je suis un kantien post-hégélien ». Je reprendrai volontiers cette réponse à mon compte en lui donnant le sens suivant. Je suis fondamentalement kantien, bien que ce kantisme intègre un apport essentiel de Hegel : la dialectique entendue dans son sens positif. Ce qu’il y a d’essentiellement kantien dans la dialectique réflexive, c’est la conception de la « sagesse » philosophique. Au lieu que la sagesse visée par le philosophe soit celle qu’on assimile à une « science » de la totalité absolue, science ou savoir absolu revendiqué par les métaphysiques prékantiennes et dont se réclamera encore Hegel après Kant en prétendant les porter à leur achèvement le plus conséquent, la sagesse ici visée s’entend comme la connaissance et l’acceptation des limites du savoir scientifique, fût-il celui de la science spéculative elle-même. On remarquera que ces deux conceptions de la sagesse sont l’une et l’autre présentes dans le discours émanant du sens commun. D’un côté, on attend de la sagesse le savoir total, achevé, absolu. Le sage est celui qui « sait tout » parce qu’il sait « le tout ». D’un autre côté, être sage, c’est savoir se limiter modestement au seul savoir effectivement disponible, tout en pensant nécessairement à quelque chose d’infini qui, étant au-delà de ce savoir, est précisément présupposé par le savoir fini et lui donne son sens en même temps que ses limites.
… La suite du texte dans le document .pdf ci-joint.
Documents joints